La fin des stratégies de ruptures d’avec la France ?

Il existe des martiniquais qui adorent se faire mousser (faire croire qu’ils seraient de dangereux indépendantistes), d’autres se faire peur (AMJ est un indépendantiste qui veut conduire la Martinique à la ruine), tous parfaitement décidés de ne point faire usage de leur cerveau pour réfléchir ne serait-ce que cinq minutes.

Avant l’implosion de l’URSS il était cohérent pour un militant raisonnable de la gauche martiniquaise de se proclamer indépendantiste ; de croire qu’une Martinique indépendante serait mieux armée pour lutter contre la pauvreté, et les inégalités par la mise en place de rapports de production non capitalistes, LE CAPITALISME étant par définition responsable de tous les maux dont pouvait souffrir un pays.

II se disait à l’époque qu’il existait un « camp socialiste » en lutte à mort contre un « camp capitaliste » ; que la précondition ne serait-ce que pour envisager des solutions pour sortir la Martinique du sous-développement était « la rupture avec le camp capitaliste » donc avec une France dont les crimes coloniaux hantaient encore les mémoires.

Aucun esprit sensé n’envisageait un quelconque isolationnisme pour la future Martinique indépendante.

Il y avait ceux qui voulaient faire comme Cuba, intégrer la zone d’influence de l’URSS. D’autres qui ont depuis lors discrètement changé de veste et ont succombé en apparence aux charmes discrets de la démocratie représentative jugeaient qu’il était préférable de faire confiance à la Chine de Mao.

Les nationalistes « bourgeois » étaient sûrs que la solution des problèmes de ce pays passait par une rupture avec la France et un rapprochement avec les Etats-Unis.

Mais depuis la disparition de l’URSS et l’ouverture des yeux sur la nature réelle de l’Etat chinois, aucun indépendantiste sérieux ne développe plus une stratégie de rupture avec la France

AMJ peut avoir tous les défauts du monde sauf celui d’être un imbécile. Il faut être un larbin professionnel en attente de prébendes sonnantes et trébuchantes pour tenter de faire passer l’idée auprès de ses employeurs potentiels, que l’actuel président de la CTM serait un « dément, sénile » dont la place serait dans un EPHAD.

Qu’il lève le doigt celui qui s’imagine AMJ à l’Assemblée Nationale française en 2021 réclamant l’indépendance de la Martinique ?

Qu’il lève le doigt celui qui s’imagine AMJ après 2021 invitant les indépendantistes corses à faire une tournée de conférences à la Martinique ?

Qu’il lève le doigt celui qui s’imagine AMJ après 2021 invitant les indépendantistes catalans à se rendre à la Martinique pour expliquer leur combat contre l’Espagne ?

Qu’il lève le doigt celui qui s’imagine AMJ après 2021 posant la question de l’indépendance de la Martinique à l’ONU ?

Le fait est qu’AMJ a signé un moratoire sur un projet (mettre à nouveau sur le tapis la question de l’indépendance de la Martinique) qui n’est pas le sien depuis belle lurette, dès fois qu’une telle idée ne lui soit jamais passée par la tête. De toutes façons, Monplaisir n’a pas eu à lui forcer la main puisque depuis l’ère Chirac, il a ouvertement donné la priorité au « désenkayage » de son pays sur la question nationale réservée aux jours de fête.

Il a prévu un moratoire de 6 ans. Il aurait pu tout aussi bien en signer un de 99 ans, ce qui correspondrait bien davantage aux idées effectives du personnage.

Rappelons cependant une évidence : Moratoire de 6 ou 99ans, la Martinique n’est en aucune manière à l’abri d’un mouvement de l’ampleur de celui que l’on a connu en 2009 qui l’on s’en souvient avait fortement irrité le président AMJ. Sans doute y voyait-il, à tort ou à raison, une éclatante critique de 9 années de sa politique régionale

Ce mouvement futur éventuel dont la CTM n’a nullement les moyens d’éradiquer les causes sera naturellement de nouveau dénoncé avec virulence par tous les défenseurs conscients de l’ordre marchand, en particulier par AMJ et Monplaisir.

Si ce mouvementent à venir dispose d’une direction qui a des projets pour la Martinique différents de ceux que mettront en œuvre le couple pas tellement détonnant AMJ/Monplaisir, aucun moratoire du monde ne sera en mesure d’empêcher les Martiniquais de faire vivre les rapports sociaux qui, de leur point de vue conviennent mieux à la majorité.

Lorsque l’on constate que de nombreux martiniquais perçoivent la victoire par AMJ d’un scrutin boudé par 50 % de l’électorat comme un immense succès pour le mouvement indépendantiste, on se dit que, décidément les pauvres (en politique) se contenteront toujours de peu (idéologiquement)

Le 4/01/2016

CLA