Penser depuis la colonie

Penser depuis la colonie

Souleymane Bachir Diagne

p. 61-68 dans MONDIALISATION OU GLOBALISATION ? LES LEÇONS DE SIMONE WEIL

Collège de France

1Considérer que les textes que Simone Weil a consacrés au colonialisme invitent à « penser depuis la colonie », qu’est-ce à dire ? Bien entendu, elle n’a pas fait le déplacement pour témoigner de ce que signifie vivre comme un sujet colonial par exemple. Lorsqu’elle écrit pour dénoncer les sanglantes répressions menées par le pouvoir colonial au Maghreb, elle prend soin de préciser: « Pour moi, je suis française. Je n’ai jamais été en Afrique du Nord1. »

2Mais dire qu’avec elle on pense depuis la colonie c’est faire le constat que si sa démarche est une critique radicale, absolue, éthique, du colonialisme (« je crois pourtant en savoir assez pour porter une accusation2 », continue-t-elle), c’est bien parce qu’elle effectue et invite à effectuer un décentrement pour voir la réalité coloniale non plus depuis le point de vue de la « Française » qu’elle est, non plus à partir du récit national que la France tient sur elle-même et sur « son » empire, mais depuis ce qui trouble, questionne et, finalement, dément ce récit.

3Il s’agira pour moi ici, dans un premier temps, de rappeler que ce décentrement hors du récit national est constitutif de la démarche critique qu’elle adopte en général, indépendamment de la question coloniale à laquelle elle l’applique dans les écrits qu’elle lui consacre. J’examinerai ensuite le fonctionnement de ce décentrement qui devient une « machine de guerre » contre le colonialisme, en précisant cependant que, si sa condamnation, au nom de l’éthique, de ce que celui-ci peut signifier comme « crime contre l’humain » est radicale et absolue (pour citer ici une déclaration fameuse d’Emmanuel Macron faisant la différence entre la catégorie juridique du « crime contre l’humanité » et celle plus exclusivement morale d’un « crime contre l’humain3 »), Simone Weil ne prend pas une position politique radicale condamnant, ainsi que le fera la Conférence de Bandung de 1955, le principe même de la colonisation.

4Enfin, en quelques remarques, je conclurai sur les leçons que comportent pour nous, aujourd’hui, pour ce que l’on appelle la « post-colonie », les écrits de Simone Weil sur le colonialisme.

Sortir du récit national

5Lire sa propre légende (au sens premier de « ce qui est à lire », ce que l’on enseigne comme credo) depuis le point de vue de l’autre, telle est l’injonction sur laquelle est construit l’argument de l’article intitulé « Quelques réflexions sur les origines de l’hitlérisme ». Le passage suivant présente cet argument :

On prétend que Napoléon a propagé, les armes à la main, les idées de liberté et d’égalité de la Révolution française ? Napoléon n’a pas inspiré au monde moins de terreur et d’horreur qu’Hitler4.

6Je ferai plusieurs remarques sur cette comparaison entre Napoléon et Hitler.

7La première est pour insister sur le fait qu’en effet le récit qui présente Napoléon comme celui qui, en même temps qu’il met fin à la Révolution, en exporte les idées qui vont changer le visage du monde est l’exemple même du roman national, cautionné on le sait par Georg Wilhelm Friedrich Hegel, qui voyait en l’Empereur la figure par excellence du grand homme élu par l’Esprit, entretenu par les historiens, chanté par les poètes : Napoléon est en effet celui qui répand « cet air de liberté au-delà des frontières aux peuples étrangers qui donnait le vertige » (Ma France, de Jean Ferrat). Voici à quoi invite Simone Weil : regarder cela depuis « le monde », depuis « les peuples étrangers » justement. Que disent-ils de « la France éternelle », ou plutôt, comment se présente-t-elle en son épisode napoléonien dans le miroir que lui tendent les pays qui ont été violentés et soumis par les « grognards » de Bonaparte ? Eh bien, dit Simone Weil, au miroir du monde, « il n’y a pas de “France éternelle”, tout au moins en ce qui concerne la paix et la liberté5 ». Ce contre-récit, c’est celui que produisent la Hollande, la Suisse, l’Espagne : « quiconque parcourt le Tyrol, écrit Simone Weil, y trouve à chaque pas des inscriptions rappelant les cruautés commises alors par les soldats français contre un peuple pauvre, laborieux et heureux pour autant qu’il est libre. Oublie-t-on ce que la France a fait subir à la Hollande, à la Suisse, à l’Espagne6 ? » Récit national / contre-récit depuis « le monde » : c’est cette dialectique que Simone Weil fait fonctionner aussi à propos du colonialisme, de tous les colonialismes (elle remonte, dans la comparaison avec l’hitlérisme, à la Rome impériale7).

8Ma deuxième remarque consiste à dire, avec Simone Weil, que s’il y a quelque chose d’éternel, parce que naturel, ce n’est pas le visage de la civilisation mais au contraire celui de la barbarie. On retrouve ainsi chez la philosophe l’idée bergsonienne que le naturel, l’instinct, est guerrier, il est clôture sur soi, c’est un tribalisme qui n’ouvre pas sur une politique de l’humanité comme telle, c’est-à-dire comme totalité et idée régulatrice. Simone Weil déclare en effet dans l’article sur les origines de l’hitlérisme que « tout État centralisé et souverain est conquérant et dictatorial en puissance, et devient tel en effet pour autant qu’il croit en avoir la force8 ». Et dans ses « Réflexions sur la barbarie » (1939) elle trouve vérifié le postulat qu’« on est toujours barbare envers les faibles », même s’il faut peut-être apporter cette nuance : « sauf au prix d’un effort de générosité aussi rare que le génie9 ».

9Alors, et c’est ma troisième remarque, s’il en est ainsi, si « le dogme de la souveraineté nationale » porte en soi une barbarie qui ne demande qu’à se manifester dès lors qu’elle peut mettre la force à son service, la solution est d’élargir la civilité qui constitue la nation à la relation que la nation entretient à d’autres. Cette relation s’appelle « fédéralisme » et l’on voit à la fin de l’article sur les origines de l’hitlérisme Simone Weil proposer le fédéralisme comme ce qui doit remplacer le colonialisme : « l’ordre international, écrit-elle, suppose qu’un certain fédéralisme soit établi non seulement entre les nations, mais à l’intérieur de chaque grande nation [il faut donc jouer la Gironde contre le jacobinisme pour respecter le pluralisme]. À plus forte raison, le lien entre les colonies et leur métropole devrait-il devenir un lien fédéral au lieu d’être un rapport de simple subordination ».

10On peut voir que cette conclusion (et au fond tout l’article sur les origines de l’hitlérisme) est nourrie de la réflexion que, depuis 1931 selon son propre compte, Simone Weil ne cesse de mener sur la colonie. C’est cette réflexion qui fait l’objet de mon second point.

Regarder et penser depuis la colonie

11À propos du moment où, et sur la manière dont elle s’est trouvée véritablement hantée par la question coloniale, Simone Weil s’explique dans l’article que j’ai déjà cité, intitulé « Qui est coupable de menées antifrançaises ? » :

Je n’oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j’ai senti et compris la tragédie de la colonisation. C’était pendant l’Exposition coloniale, peu après la révolte de Yen-Bay en Indochine10.

12On voit ici s’effectuer le mouvement de décentrement hors du récit national. 1931 est sans doute le grand moment colonial, celui où l’État se propose d’offrir aux Français le spectacle de « leur » colonie car, comme le rappelle Simone Weil, « la colonisation est un processus qui s’est accompli en dehors de la vie du peuple français11 ». Il s’agit, en exposant la colonie (y compris les sujets colonisés dans des zoos humains) au cœur de la Métropole, d’inviter les citoyens à voir leur pays dans son apparence impériale pour mesurer sa puissance et son prestige. Mais le paradoxe était inévitable dès lors que les deux visages de la France, qui devaient exister dans leur séparation, se trouvaient alors ainsi juxta­posés : celui de la civilité, de la générosité, de la liberté et de la paix, comme dans un miroir déformant, se reflétait en celui de la barbarie et du crime. Le monde de la citoyenneté se révélait l’envers de celui de la sujétion. La coïncidence n’a pas échappé à Simone Weil : ce moment où la colonisation triomphe est aussi celui où elle montre qu’elle doit disparaître, qu’elle est révoltante et suscite les révoltes qui la détruiront. Ce que ne pouvait pas savoir Simone Weil alors, mais qui se pressent dans ce qu’elle découvre, c’est que la répression en Indochine portait la défaite de Diên Biên Phu.

13« On ignore, écrit la philosophe depuis la position décentrée qu’offre l’Empire, que la France n’est pas, aux yeux de la plupart de ses sujets, la nation démocratique, juste et généreuse qu’elle est aux yeux de tant de Français, moyens et autres. » Ajoutant, puisqu’elle écrit en 1938, à une époque où les visées impériales du Japon commencent à se traduire dans un processus qui aboutira en 1941 à l’invasion de l’Indochine, que les Annamites n’avaient de toute façon aucune raison de préférer la domination de la France à celle du « pays du Soleil levant ».

14J’ai utilisé le mot hantée pour parler de la présence, dans l’esprit de Simone Weil, de la question coloniale. C’est qu’elle ne pouvait plus ne plus avoir ce regard global, ce regard de surplomb qui tient ensemble le monde des citoyens et le monde des sujets, l’univers de la civilité et celui de la barbarie : « qui sait », écrit-elle ainsi à propos « du sang [qui] coule en Tunisie », « on va peut-être se souvenir que la France est un petit coin d’un grand empire et que dans cet empire des milliers et des milliers de travailleurs souffrent12 ».

15Mais elle fait également l’amer constat que tout le monde n’a pas ce regard global qui « provincialise la France » pour mieux penser son colonialisme : il n’y a guère de prise de conscience qu’il y a une question coloniale. En particulier, les travailleurs citoyens de France ignorent ainsi (au double sens de ce mot) les milliers et milliers de travailleurs-sujets qui souffrent ; et les partis qui parlent en leur nom, « nous aussi, Français “de gauche”, nous continuons à faire peser sur les indigènes des colonies la même contrainte impitoyable13 ». Il est ici fait allusion au Front populaire et à ceux qui manifestent contre les fascismes, et à l’incapacité qui est la leur d’effectuer le déplacement hors du récit national, le mouvement de se voir depuis la colonie, pour se découvrir participant vis-à-vis de celle-ci de ce qu’ils dénoncent avec virulence au nom du droit, de la liberté et de la paix14.

16Se voir depuis le regard de l’autre : c’est un topos de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre qui en fera aussi, dans Orphée noir (1948) et d’autres textes, une machine de guerre anticoloniale. En 1938, c’est ce même décentrement qu’effectue Simone Weil, en en tirant cette conséquence radicale, extrême, violente : « depuis ce jour, j’ai honte de mon pays15 ». Ce sentiment provient de ce qu’elle sait en effet que de ce pays existe une autre image que celle fabriquée par le « récit national », qui existe dans le regard des « sujets » et qui est à l’opposé de celui que l’Exposition coloniale veut présenter aux citoyens. Dès lors, continue-t-elle, « depuis ce jour je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon16 ».

17Voilà qui s’appelle du nom honni par beaucoup : repentance. S’il convient bien ici, c’est qu’il traduit la conscience philosophique, éthique, religieuse, qui parle en Simone Weil depuis ce jour où elle a regardé en face la question coloniale. On notera toutefois que la force du langage éthique de la honte et de la repentance ne s’est pas convertie en une politique anticoloniale radicale.

18Il est indéniable que sa vision d’un fédéralisme mondial, se substituant en particulier à la relation coloniale, traduit un rejet total, absolu, de la division entre citoyens et sujets, entre l’univers de la civilité et les ténèbres extérieures de la barbarie. Au-delà de cette position de principe éthique, sa position politique demeure proche de l’esprit dans lequel s’est tenue la conférence de Brazzaville de 1944 convoquée par le général de Gaulle. Il s’agissait alors, reconnaissant les « services rendus » par les colonies pendant la Guerre, de comprendre, selon les mots du général de Gaulle, « la nécessité d’établir sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur de notre Afrique, du progrès humain de ses habitants et de l’exercice de la souveraineté française17 ». On notera du reste ici qu’à la Libération la loi Lamine Guèye étendra la citoyenneté en Afrique à ceux qui jusque-là étaient des sujets et que la Première Assemblée constituante parlera d’un principe fédéraliste (la recommandation 4 de la Conférence avait évoqué la possibilité d’une « Assemblée fédérale ») avant que l’assemblée suivante ne revienne là-dessus.

19Simone Weil, pour revenir à elle, indiquait être en faveur d’une reconstruction différenciée de l’ordre colonial, qui donnerait pleinement sens à cette idée de « protection » par la France des nations placées sous son autorité. Cette idée exige d’abord que les cultures de ces nations fassent l’objet d’un respect qui interdise toute tentative d’éradication de leur mémoire propre par l’adoption de « nos ancêtres les Gaulois ». Mais on fera aussi la différence, indiquent les réflexions de Simone Weil, entre les Annamites qui ont des cultures et des organisations politiques traditionnelles fortes et, à l’autre extrémité, l’Afrique noire, où la dévastation de siècles d’esclavage avait rendu, écrit-elle, « la colonisation plus justifiable18 ».

20Cet anticolonialisme gradualiste, ainsi qu’on pourrait l’appeler, amène Simone Weil à s’opposer à ce qu’elle considère comme un anticolonialisme naïf, celui de l’Amérique. « L’Amérique, écrit-elle ainsi, n’ayant pas de colonies » (entendons : n’ayant pas la responsabilité de « protéger ») et « appliquant naïvement ses critères démocratiques, considère le système colonial sans sympathie19 ».

21C’est pourquoi, conclut-elle dans ce texte de 1943, s’il est clair que le monde était en train d’échapper au désastre d’une hitlérisation de l’Europe qui se serait achevée en une hitlérisation du globe terrestre, il fallait également se préparer, dans un tout autre esprit bien entendu, à faire pièce à une américanisation de l’Europe puis « du globe terrestre ».

22Là était donc, pour une France qui aurait repensé, ou plutôt pensé enfin la colonisation, la construction d’un futur où la France jouerait tout le rôle qui lui revient « d’essayer de commencer de nouveau à penser le destin du monde20 ».

Conclusion : leçons pour notre monde postcolonial

23Je considérerai deux leçons offertes selon moi par Simone Weil sur la colonisation, que j’exposerai sous des formes interrogatives essentiellement. Il s’agit de comprendre quels éclairages les réflexions de Simone Weil sur la colonie, depuis la colonie, apportent à deux grandes questions « postcoloniales » d’aujourd’hui : celle que l’on appelle la « querelle de l’histoire », ou plutôt de l’enseignement de l’histoire ; et celle, qui lui est liée, de la repentance pour le crime contre l’humain que fut le colonialisme.

24La première concerne la relation entre le récit et la mémoire nationaux, d’une part, et le fait postcolonial, d’autre part. Quelle histoire enseigner ? L’urgence est-elle de constituer le récit national de manière à créer et à partager une même légende pour tous ? Faut-il plutôt essayer de composer des histoires plurielles qui enseignent le décentrement ? L’histoire coloniale, en particulier, qui n’en finit pas de dérouler ses effets aujourd’hui ?

25Pour la deuxième leçon, je reviendrai à la manière dont Simone Weil exprime avec force « honte » et « repentir ». De la violence de ces sentiments, elle s’explique dans une lettre à Georges Bernanos où elle déclare : « Les humiliations infligées par mon pays me sont plus douloureuses que celle qu’il peut subir21. » Quelque chose dans sa démarche pourrait, me semble-t-il, utilement éclairer cette « querelle de la repentance », revenue à l’ordre du jour lorsque, par exemple, celui qui était alors seulement le candidat Emmanuel Macron a déclaré que le colonialisme est un « crime contre l’humain22 ». Simone Weil ne dit pas autre chose. Et sa démarche montre que la « repentance » n’est pas d’abord pour elle l’acte moral et politique de s’adresser à l’autre pour lui demander pardon. Elle est d’abord la simple reconnaissance de ce que j’ai appelé les deux visages de la France, ou la coexistence du récit et du contre-récit, qui interdit par exemple le ridicule de dire que la colonisation n’était autre chose que la volonté de « partager sa culture ». Se repentir est donc d’abord s’adresser à soi-même. C’est ce que Simone Weil a su penser.

NOTES

1 S. Weil, « Qui est coupable des menées antifrançaises ? » (écrit en 1938), in : Écrits historiques et politiques, Paris, Gallimard, 1960, p. 339.

2 Ibid.

3 Emmanuel Macron, après avoir qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors d’un séjour à Alger, en février 2017, a rectifié son propos en parlant quelques jours plus tard de « crime contre l’humain ».

4 S. Weil, « Quelques réflexions sur les origines de l’hitlérisme », in : Écrits historiques et politiquesop. cit., p. 13-14. L’article de Simone Weil date de 1940.

5 Ibid., p. 13.

6 Ibid.

7 Je noterais au passage que Léopold Sédar Senghor, en amoureux qu’il était de la langue française, a écrit un célèbre poème dans le recueil Hosties noires (publié en 1948) où il prie Dieu de pardonner à « L’Europe blanche » en général et, en particulier, de « placer la France à la droite du Père » (Œuvre poétique, Paris, Seuil, 1990, p. 94). Il avait bien entendu à l’esprit cette « France éternelle », celle dont il dit dans le poème qu’elle « dit bien la voie droite » et qu’il oppose à une « France » qu’il voyait attachée à se trahir dans les exactions coloniales : celle qui, écrit-il, « chemine par les sentiers obliques » (p. 94).

8 S. Weil, « Quelques réflexions sur les origines de l’hitlérisme », art. cité, p. 58.

9 S. Weil, « Réflexions sur la barbarie » [1939 ?], in : Écrits historiques et politiquesop. cit.

10 S. Weil, « Qui est coupable de menées antifrançaises ? », art. cité, p. 341.

11 S. Weil, « À propos de la question coloniale dans ses rapports avec le destin du peuple français », in : Écrits historiques et politiquesop. cit. (article originellement publié en 1943).

12 S. Weil, « Le sang coule en Tunisie », Écrits historiques et politiquesop. cit., p. 337. Cet article a été publié originellement en 1937.

13 Ibid.

14 Adriano Marchetti rappelle ainsi que le Parti communiste français, devant les crimes, « n’a qu’une réaction insignifiante ». C’est le mouvement surréaliste qui, manifestant contre l’Exposition coloniale, incarnera l’opposition au colonialisme, alors que, comme l’écrit A. Marchetti, il faut interroger la « responsabilité de la gauche, des syndicats, des partis qui théorisent l’internationalisme prolétaire et ne le pratiquent pas ». Cf. A. Marchetti, « Réflexions de Simone Weil sur le colonialisme », Francophonia. Studi e riserche sulle leterrature di lingua francese, no 19, 1990, p. 25.

15 S. Weil, « Qui est coupable de menées antifrançaises ? », art. cité, p. 341.

16 Ibid.

17 C. de Gaulle, discours d’ouverture de la conférence, le 30 janvier 1944 (cité par R.-M. Lemesle, La Conférence de Brazzaville de 1944 : contexte et repères, Paris, Centre des hautes études d’Afrique et d’Asie moderne, 1994, p. 21).

18 Bernadette Cailler, dans un article intitulé « De Simone Weil à Aimé Césaire : hitlérisme et entreprise coloniale », éclaire la manière dont Simone Weil « annonce le Césaire du Discours sur le colonialisme, en particulier lorsque ce dernier considère que l’hitlérisme a infligé à des “Blancs” ce que le colonialisme s’est cru justifié d’infliger à des populations “de couleur” ». Mais B. Cailler souligne aussi à propos de Simone Weil que « sa naïveté et son maternalisme à l’endroit des cultures sub-sahariennes sont étonnants ». Cf. B. Cailler, « De Simone Weil à Aimé Césaire : hitlérisme et entreprise coloniale », Présence africaine, no 151/152, 1995, p. 240.

19 S. Weil, « À propos de la question coloniale dans ses rapports avec le destin du peuple français », art. cité.

20 Ibid.

21 S. Weil, Lettre à Georges Bernanos, S. Weil, « À propos de la question coloniale dans ses rapports avec le destin du peuple français », art. cité.

22 Déclaration de février 2017. Sur le contexte de cette déclaration, voir supra, note 3.

AUTEUR

Souleymane Bachir Diagne

Professeur à l’université Columbia (États-Unis

 

 

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