Plaidoyer pour des négociations après un an de guerre en Ukraine »

 

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Tribune   Publié hier le 21/02/2023 dans Le Monde

 Jürgen Habermas     Philosophe

Si l’Ouest a de bonnes raisons de livrer des armes à l’Ukraine, il en résulte une responsabilité partagée dans le déroulement futur de la guerre, explique le philosophe allemand.

A peine la décision de livrer des chars de type Leopard avait-elle été qualifiée d’« historique » que la nouvelle faisait déjà l’objet d’une surenchère – et d’une relativisation ‒, où il était question de réclamer haut et fort des avions de combat, des missiles à longue portée, des navires de guerre et des sous-marins. Les appels à l’aide, aussi dramatiques que compréhensibles, d’une Ukraine attaquée en violation du droit international ont trouvé à l’Ouest l’écho auquel on pouvait s’attendre. La seule nouveauté fut l’accélération du jeu bien connu entre les demandes d’armes plus efficaces, portées par une indignation morale, et la réévaluation acceptée, même après quelques hésitations, des types d’armes promis.

Même dans les rangs du SPD [le Parti social-démocrate d’Allemagne] on entendait qu’il n’y avait désormais plus de « ligne rouge ». Hormis le chancelier fédéral et son entourage immédiat, le gouvernement, les partis et la presse reprenaient presque tous en chœur les paroles incantatoires du ministre des affaires étrangères lituanien Gabrielius Landsbergis : « Il nous faut surmonter la peur de vouloir vaincre la Russie. »

C’est dans la perspective incertaine d’une « victoire », qui peut vouloir dire tout et n’importe quoi, que doit se régler toute future discussion sur l’objectif de notre aide militaire – et la voie qui y mène. C’est ainsi que le processus d’armement semble animé d’une dynamique propre, certes encouragée par la pression très compréhensible du gouvernement ukrainien, mais entraînée chez nous par le chorus belliciste d’une opinion publique présentée comme un ensemble soudé où les hésitations et les réflexions d’une moitié de la population allemande n’ont pas droit de cité. Ou pas complètement.

Entre-temps, des voix circonspectes s’élèvent non seulement pour soutenir la position du chancelier, mais pour demander instamment qu’il y ait une réflexion publique sur la voie difficile menant à des négociations. Si je me joins à ces voix, c’est précisément parce qu’il est juste de dire : l’Ukraine ne doit pas perdre la guerre ! L’enjeu, à mes yeux, est d’aborder suffisamment à l’avance des négociations à caractère préventif pour empêcher qu’une guerre longue fasse encore plus de morts et de destructions, et que nous nous retrouvions en fin de compte devant un choix sans issue : soit entrer dans le conflit de façon active, soit, pour ne pas déclencher la première guerre mondiale entre puissances dotées de l’arme atomique, abandonner l’Ukraine à son sort.

Troisième guerre mondiale

La guerre traîne en longueur, le nombre des victimes et l’ampleur des destructions ne cessent de croître. La dynamique de l’aide militaire que nous apportons pour de bonnes raisons doit-elle se départir de son caractère défensif simplement parce que le seul objectif ne peut être qu’une victoire sur Vladimir Poutine ? La position commune à Washington et aux autres membres de l’OTAN était, dès le début, de ne pas aller au-delà du point of no return – l’entrée en guerre.

Les hésitations, manifestement stratégiques et pas seulement techniques, qu’a observées le chancelier Olaf Scholz chez le président américain, au moment de décider de livrer des chars de combat, ont confirmé une fois de plus ces conditions préalables à l’assistance de l’Occident à l’Ukraine. Jusqu’à présent, la préoccupation de l’Ouest était surtout de laisser à l’appréciation de la Russie la question de savoir à partir de quand elle considérait que l’ampleur des livraisons d’armes occidentales et leur qualité étaient synonymes d’entrée en guerre.

Mais, depuis que la Chine s’est engagée elle aussi à bannir l’utilisation d’armes nucléaires, biologiques et chimiques, cette préoccupation a été reléguée au second plan. C’est la raison pour laquelle les gouvernements occidentaux devraient plutôt se soucier du déplacement de ce problème. Dans la perspective d’une victoire à tout prix, l’amélioration de la qualité de nos livraisons d’armes a développé une dynamique propre qui pourrait, sans qu’on s’en rende vraiment compte, nous faire franchir le seuil menant à une troisième guerre mondiale. Voilà pourquoi « on ne devrait pas évacuer maintenant tous les débats sur le fait de savoir à partir de quand la partialité pourrait effectivement se muer en prise de parti en arguant que de tels débats feraient les affaires de la Russie » (Kurt Kister, rédacteur en chef, dans le quotidien Süddeutsche Zeitung des 11 et 12 février 2023).

Responsabilité morale

Si avancer en somnambule au bord de l’abîme devient un réel danger, c’est surtout parce que l’Alliance ne conforte pas seulement l’Ukraine, mais ne cesse de réaffirmer qu’elle soutiendra le gouvernement ukrainien « aussi longtemps que nécessaire » et que seul le gouvernement ukrainien pourra décider du moment et de l’objectif d’éventuelles négociations. Ces affirmations sont censées décourager l’adversaire, mais elles sont inconsistantes et masquent des divergences qui crèvent les yeux. Surtout, elles peuvent nous tromper nous-mêmes sur la nécessité de prendre des initiatives propres en vue de négociations.

 

D’une part, il est inopérant de dire que seule l’une des parties engagées dans la guerre peut décider de son objectif de guerre et, le cas échéant, du moment des négociations. D’autre part, c’est le soutien apporté par l’Ouest qui va aussi déterminer combien de temps l’Ukraine peut tenir.

 

L’Ouest a des intérêts légitimes propres et des obligations propres. Les gouvernements occidentaux opèrent dans un périmètre géopolitique d’une certaine ampleur et se doivent de prendre en compte d’autres intérêts que les seuls intérêts de l’Ukraine dans cette guerre ; ils ont des obligations de droit quant à la sécurité de leurs propres citoyens et portent, indépendamment des positions de la population ukrainienne, une part de responsabilité morale vis-à-vis des victimes et des destructions causées par des armes venues de l’Ouest ; ils ne peuvent donc pas non plus rejeter sur le gouvernement ukrainien la responsabilité des conséquences brutales d’une prolongation du conflit rendue possible uniquement par leur soutien militaire.

« Ne pas perdre » ou « gagner »

L’Ouest doit prendre lui-même d’importantes décisions et les endosser, on le voit bien dans la situation qu’il a le plus à redouter – celle où une supériorité des forces armées russes le placerait devant l’alternative suivante : soit s’incliner, soit s’engager dans la guerre. Des raisons aussi évidentes que l’épuisement des réserves en hommes et en matériel poussent aussi à ne pas attendre pour entamer des négociations. Le facteur temps joue également un rôle dans les convictions et les dispositions de l’ensemble des populations occidentales. Ce faisant, il est trop simple, à propos de la question épineuse du moment des négociations, de réduire les positions à une simple opposition entre morale et intérêt personnel. Ce sont surtout des raisons morales qui poussent à mettre fin à la guerre.

La durée des combats a donc une influence sur les perspectives à partir desquelles les populations perçoivent ces événements. Plus une guerre dure, plus la perception de la violence qui explose, en particulier dans les guerres modernes, est forte et détermine d’une façon générale la vision du rapport entre guerre et paix. Ces points de vue m’intéressent au regard du débat qui commence à s’engager en République fédérale sur le sens et la possibilité de négociations de paix. Deux perspectives à partir desquelles nous percevons et évaluons les guerres ont déjà trouvé leur expression, dès le début du conflit en Ukraine, dans la querelle opposant deux formulations vagues mais concurrentes : l’objectif de nos livraisons d’armes est-il que le pays « ne puisse pas perdre la guerre », ou ces livraisons visent-elles plutôt une « victoire » sur la Russie ?

Cette différence conceptuellement imprécise a peu de rapport, de prime abord, avec une prise de position pour ou contre le pacifisme. Certes, le mouvement pacifiste qui s’est fait jour à la fin du XIXe siècle a politisé la dimension violente des guerres, mais le véritable sujet n’est pas le dépassement progressif des guerres comme moyen d’éliminer les conflits internationaux, mais, au contraire, le refus catégorique de prendre les armes. En ce sens, le pacifisme ne joue un rôle dans aucune des deux perspectives qui se différencient selon l’évaluation que l’on fait des victimes et des sacrifices imposés par la guerre.

La chose est importante parce que la nuance rhétorique entre les expressions « ne pas perdre » la guerre ou « gagner » la guerre ne trace pas une ligne de démarcation entre pacifiste et non-pacifistes. Aujourd’hui, elle caractérise aussi des oppositions que l’on retrouve à l’intérieur même du camp politique qui non seulement considère l’alliance occidentale comme justifiée, mais qui estime également que c’est un devoir politique de soutenir l’Ukraine en lui fournissant des armes, un soutien logistique et des prestations civiles dans le combat courageux qu’elle mène contre l’agression lancée en violation du droit international, voire de façon criminelle, contre l’existence et l’indépendance d’un Etat souverain.

« On se croirait à Verdun »

Cette prise de position est associée à la sympathie pour le destin douloureux d’une population qui, après plusieurs siècles de domination étrangère – polonaise et russe, mais aussi autrichienne –, n’a acquis son indépendance et sa souveraineté qu’avec la chute de l’Union soviétique. Parmi toutes les nations européennes qui accusent un retard, l’Ukraine est celle qui en a le plus. Elle est sans doute encore une nation en devenir.

Cependant, même dans le camp important des partisans d’un soutien à l’Ukraine, les avis sont actuellement partagés quant au moment jugé opportun pour des négociations de paix. Une partie s’accorde avec l’exigence du gouvernement ukrainien, qui ne cesse de réclamer un soutien militaire sans limites pour vaincre la Russie et restaurer ainsi l’intégrité territoriale du pays, y compris la Crimée. Une autre partie voudrait forcer les tentatives d’instaurer un cessez-le-feu et d’entamer des négociations qui, au moins avec le rétablissement du statu quo d’avant le 23 février 2022, permettraient d’éviter une possible défaite. Dans ce pour et ce contre se reflètent des expériences issues de l’histoire.

 

Ce n’est pas un hasard si ce conflit latent appelle d’urgence une clarification. Depuis des mois, la ligne de front est gelée. Sous le titre « La guerre d’usure favorise la Russie », le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) du 25 janvier, par exemple, a rendu compte de la guerre de position autour de Bakhmout, dans le nord du Donbass, qui entraîne des pertes importantes des deux côtés, et il cite le propos bouleversant d’un haut fonctionnaire de l’OTAN : « On se croirait à Verdun. » Les comparaisons avec cette terrible bataille, la plus longue et la plus lourde en pertes humaines de toute la première guerre mondiale, n’entretiennent qu’un lointain rapport avec la guerre en Ukraine, sauf qu’une guerre de position sans grandes modifications de la ligne de front fait surtout prendre conscience, par rapport à l’objectif politique « rationnel » de ce conflit, de la souffrance des victimes.

Le bouleversant reportage de la journaliste Sonja Zekri (Süddeutsche Zeitung), laquelle ne cache pas ses sympathies mais n’embellit rien non plus, rappelle effectivement les descriptions de l’horreur sur le front ouest, en 1916. Des soldats qui « se sautent à la gorge », des montagnes de morts et de blessés, les décombres d’immeubles, de cliniques, d’écoles, l’anéantissement d’une vie civilisée – c’est là que se reflète le noyau destructeur de la guerre, qui donne un autre éclairage aux propos de notre ministre des affaires étrangères [Annalena Baerbock] : « Nous sauvons des vies avec nos armes. »

Aberration de la guerre

A mesure que s’accumulent les victimes et les destructions de la guerre, on voit l’autre aspect de celle-ci occuper le devant de la scène. Elle n’est plus seulement un moyen de se défendre contre un envahisseur sans scrupule ; dans son déroulement même, le conflit est vécu comme une violence écrasant tout et qui devrait prendre fin aussi vite que possible. Et, plus le poids se déplace d’un côté vers l’autre, plus s’impose cette aberration de la guerre. Dans les guerres, le désir de surmonter l’adversaire est toujours allé de pair avec le désir d’en finir avec la mort et la destruction. Et, dans la mesure où les « dévastations » ont augmenté avec la puissance des armes, le poids de ces deux aspects s’est aussi déplacé.

A la suite des expériences barbares des deux guerres mondiales et de la tension nerveuse induite par la guerre froide, un déplacement conceptuel latent s’était largement opéré au cours du siècle dernier dans les esprits des populations concernées. De leurs expériences elles avaient tiré la conclusion, souvent de manière inconsciente, que les guerres – ce mode de solution des conflits internationaux qui jusque-là allait de soi – étaient tout bonnement incompatibles avec les critères d’une cohabitation civilisée.

Le caractère violent de la guerre avait pour ainsi dire perdu l’aura de sa naturalité. Largement répandu, ce changement dans les mentalités a laissé aussi des traces dans l’évolution du droit. Le droit pénal humanitaire de la guerre avait déjà été une tentative, peu concluante, de contenir le recours à la force lors d’un conflit. Mais, à la fin de la seconde guerre mondiale, la violence fut appelée à être pacifiée par des moyens juridiques et relayée par le droit comme seul mode de règlement des conflits entre Etats. La Charte des Nations unies, entrée en vigueur le 24 octobre 1945, et l’instauration de la Cour internationale de justice de La Haye avaient révolutionné le droit international. L’article 2 enjoint à tous les Etats de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques. C’était l’ébranlement causé par les excès de violence de la guerre qui avait engendré cette révolution.

Un retour en arrière

Les mots du préambule de la Charte des Nations unies, teintés d’une émotion littéraire, reflètent l’horreur engendrée par le spectacle des victimes de la seconde guerre mondiale. La phrase centrale est cet appel à « unir nos forces pour (…) instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l’intérêt commun » ‒ c’est-à-dire dans l’intérêt des citoyens de tous les Etats et de toutes les sociétés de ce monde, tel que défini par le droit international.

Cette attention portée aux victimes de la guerre explique d’une part l’abolition du jus ad bellum, ce sinistre « droit » autorisant chaque Etat souverain à faire la guerre à sa guise, d’autre part le fait que le principe éthiquement fondé de la guerre juste n’ait pas été renouvelé, mais ait été, au contraire, aboli, à l’exception du droit de légitime défense de l’agressé. Les nombreuses mesures citées au chapitre VII contre les actes d’agression sont dirigées contre la guerre en tant que telle, et ce, uniquement dans le langage du droit. En effet, le contenu moral inhérent au droit international moderne lui-même est suffisant pour cela.

C’est à la lumière de cette évolution que je comprends la formule disant que l’Ukraine « ne doit pas perdre la guerre ». Je lis dans le facteur de retenue une mise en garde signifiant que même l’Ouest, qui permet à l’Ukraine la poursuite de la guerre contre un agresseur criminel, ne doit pas oublier ni le nombre des victimes, ni le risque auquel sont exposées les victimes éventuelles, ni l’ampleur des destructions effectives et potentielles acceptées à contrecœur pour atteindre un objectif légitime. Même le plus désintéressé des soutiens n’est pas dispensé de cette évaluation de la proportionnalité.

La formulation tout en hésitation, « ne doit pas perdre », met en question une perspective ami-ennemi, qui considère encore au XXIe siècle la solution belliciste des conflits internationaux comme « naturelle » et sans autre choix possible. Une guerre, et plus encore celle déclenchée par Poutine, est le symptôme d’un retour en arrière par rapport au niveau historique d’une gestion civilisée des relations entre puissances – surtout entre puissances qui ont pu tirer les leçons de deux guerres mondiales. Quand des conflits armés ont éclaté et ne peuvent être contenus par des sanctions douloureuses, y compris pour les défenseurs du droit international qui a été enfreint, l’alternative qui s’impose – face à une poursuite de la guerre faisant de plus en plus de victimes – est la recherche de compromis supportables.

Chercher une solution de compromis

Je vois bien l’objection : il n’y a pour l’instant aucun signe montrant que Poutine serait disposé à entamer des négociations. Et n’est-ce pas justement pour cette raison qu’il faut le forcer à céder par des voies militaires ? Il a en outre pris des décisions qui rendent presque impossible l’acceptation de négociations qui auraient des chances d’aboutir. En effet, avec l’annexion des provinces orientales de l’Ukraine, il a créé un état de fait et installé à demeure des revendications qui ne sont pas acceptables pour l’Ukraine.

D’un autre côté, c’était peut-être une réponse, bien que mal avisée, à l’erreur de l’alliance occidentale, qui, dès le début, a laissé délibérément dans le flou la Russie quant à l’objectif de son soutien militaire. Cela laissait ouverte la perspective, inacceptable pour Poutine, d’un changement de régime. En revanche, l’objectif déclaré de revenir au statu quo d’avant le 23 février 2022 aurait facilité l’ouverture de négociations ultérieures. Mais les deux camps voulaient se décourager mutuellement en plantant des jalons ambitieux et manifestement intouchables. Ce ne sont pas des conditions prometteuses, mais elles ne sont pas non plus sans perspective.

Car, hormis le fait que le nombre de vies humaines fauchées par la guerre augmente chaque jour, les coûts des ressources matérielles ne cessent de grimper, sans compter qu’elles ne peuvent être remplacées à volonté. Et pour le président Biden l’heure tourne. Cette simple idée devrait déjà nous inciter à pousser à faire des tentatives énergiques pour entamer des négociations et chercher une solution de compromis qui ne permette pas à la partie russe d’obtenir un gain territorial par rapport à la situation du début du conflit, mais lui permette de sauver la face.

Besoin urgent de réglementation

Indépendamment du fait que des chefs d’Etat et de gouvernement occidentaux comme Olaf Scholz et Emmanuel Macron conservent des contacts téléphoniques avec M. Poutine, le gouvernement américain, apparemment divisé sur cette question, ne peut pas se cantonner dans un rôle formel de non-participant. Un résultat de négociation durable ne peut être intégré dans le contexte d’accords de grande envergure sans les Etats-Unis. Les deux parties belligérantes y ont intérêt. Cela vaut pour les garanties de sécurité que l’Ouest doit assurer à l’Ukraine. Mais aussi pour le principe que le renversement d’un régime autoritaire n’est crédible et stable que s’il vient de la population concernée et s’il est donc porté de l’intérieur.

 

D’une façon générale, cette guerre a attiré l’attention sur un besoin urgent de réglementation dans toute la région de l’Europe centrale et orientale, qui va au-delà des objets de litige des actuels belligérants. L’expert pour les questions de l’Europe de l’Est Hans-Henning Schröder, ancien directeur de l’Institut allemand de politique et de sécurité internationales à Berlin, a relevé (dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung du 24 janvier) les accords de désarmement et les conditions économiques globales sans lesquelles aucun accord ne peut être réalisé durablement entre les différentes parties directement concernées. Le fait que les Etats-Unis se soient déjà dits prêts à participer à de telles négociations de portée géopolitique est une chose dont Vladimir Poutine pourrait se targuer.

C’est justement parce que le conflit touche un réseau d’intérêts plus large que l’on ne peut exclure d’emblée, même si les exigences sont pour l’instant diamétralement opposées, qu’un compromis permettant de sauver la face des deux côtés puisse être trouvé.

Jürgen Habermas est considéré comme l’un des philosophes les plus importants de notre temps. Représentant de la deuxième génération de l’école de Francfort, il vient de publier le deuxième tome son histoire de la philosophie, Une histoire de la philosophie, tome II : Liberté rationnelle - Traces de discours sur la foi et le savoir (Collection NRF Essais, Gallimard, 794 p., 35 €)

Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses