A fréquenter régulièrement la presse locale, à suivre ce qui s'écrit et se dit sur les réseaux sociaux, le moins que l'on puisse dire est que les martiniquais sont passionnés par la chose politique.
Puisque que nous vivons en " démocratie d'opinion", tous les écrits se valent, même ceux dont la valeur est objectivement nulle, puisque non signés. Ce sont des millions de fleurs qui s'épanouisssent sur la Toile.Il s'agit à l'évidence de l'un des nombreux effets pervers de la Démocratie, mais c'est tant mieux.
En faisant un peu attention, on se rend compte que les responsables de certains blogs, les rédacteurs de certaines pages Facebook ont le souci de produire des analyses sérieuses et se plaignent du silence des "intellectuels locaux". C'est en pensant à eux que j'ai reproduit le texte suivant :
" La question décisive en politique n'est pas de savoir si l'on dispose de la théorie vraie ; comme toutes les théories, les théories politiques sont faillibles et partielles ; et parce qu'elles sont politiques, elles peuvent facilement devenir des instruments de pouvoir et de domination. La question politique décisive est de savoir comment, dans le monde moderne,chacun, même s'il est un intellectuel, peut rester un homme ordinaire, comment il peut conserver sa capacité de se fier à son expérience et à son jugement, comment il peut préserver son sens du réel et son sens moral.
Divers types d'intellectuels sont apparus au cours du XXe siècle : on parle couramment d'intellectuel total (sur le modèle sartrien), d'intellectuel spécifique (sur le modèle foucaldien), d'intellectuel organique "(caractérisé par Gramsci), d'intellectuel critique, c'est à dire détenteur d'une théorie critique de la société et de la culture, sur lemodèle d'Adorno et de l'école de Francfort".
L'auteur de ce texte* défend l'idée que, Russel,Orwell et Chomsky, trois intellectuels bien connus des militants politiques, "n'entrent dans aucune de ces catégories habituelles. Pour lui, il s'agirait "d'intellectuels ordinaires". " pas parce qu'ils appartieindraient à un type d'intellectuel que l'on rencontre ordinairement", mais " parce que les ressorts de leur pensée et de leur action ne diffèrent en rien de ceux qui animent les humains ordinaires. Ils ne se réclament d'aucun savoir qui ne serait pas à la portée de tous et ne revendiquent aucune autorité spécifique en tant qu'intellectuels. Et ils assument pleinement que leurs émotions, leurs indignations et leurs valeurs soient exactement les mêmes que celle de n'importe quel autre être humain". C'est Orwell qui dit " on est soi même, les neuf dixième du temps, une personne ordinaire", mais c'est une "chose qu'aucun intellectuel ne veut justement s'avouer".
C'est dire tout l'intérêt que les martiniquais âgés de moins de cinquante ans et qui ont la fibre démocratique, auront à fréquenter des auteurs comme Orwell, Russel, Chomsky ignorés voire méprisés par la plupart de leurs aînés qui se sont contentés trop souvent des oeuvres choisies de Staline,Mao et Lénine. qu'ils persistent à mobiliser, pour intervenir dans le champ politique martiniquais.
Est-il besoin de signaler, que si j'ai éprouvé le besoin de reproduire ce texte, c'est qu'après lecture du texte de Rosat, Césaire m'est apparu comme un autre "intellectuel ordinaire" ?
Est-il besoin d'insister sur la nécessité pour les jeunes martiniquais de s'approprier de manière non dogmatique c'est à dire non religieuse les écrits de Césaire ?
*Jean Jacques Rosat, " Russel,Orwell, Chomsky : Une famille de pensée et d'action", Rationalité, Vérité et démocratie ,Agone, N°44,2010.
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