Chevènement critique la nomination de Ndiaye qui pourrait "désorienter l'Éducation nationale"

La gauche de droitedans ses oeuvres

 

Par Magazine Marianne

Publié le 23/05/2022

 

 

 

L'ancien ministre de l'Éducation nationale et figure de proue de la gauche souverainiste et laïque, Jean-Pierre Chevènement, pourtant soutien d'Emmanuel Macron, a alerté sur le profil de Pap Ndiaye, nommé à la rue de Grenelle.

Jean-Pierre Chevènement, 83 ans, ancien ministre de l'Éducation nationale et soutien d'Emmanuel Macron à la présidentielle, a mis en garde lundi contre « l'enterrement de la politique mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer depuis cinq ans », après la nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de la rue de Grenelle. « Il n'y a pas plus sûre méthode pour désorienter une grande institution comme l'Éducation nationale que de la confier tour à tour à deux ministres dont les philosophies de l'État s'opposeraient », a prévenu l'ancien ministre de François Mitterrand dans un communiqué transmis à l'AFP.

« C'est de cela que l'école a souffert depuis un demi-siècle, avec les résultats que nous voyons », a poursuivi Jean-Pierre Chevènement qui a été ministre de l'Éducation nationale de 1984 à 1986. La nomination vendredi de Pap Ndiaye, historien spécialiste des États-Unis et des minorités, est apparue comme la principale surprise du nouveau gouvernement, mené par Elisabeth Borne, en raison de positions très différentes du précédent ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.

DIFFÉRENTIALISME CONTRE UNIVERSALISME

Alors que ce dernier s'est régulièrement inquiété de phénomènes « woke » ou de l'« islamo-gauchiste », Pap Ndiaye a, lui, douté à plusieurs reprises du bien-fondé de ces concepts. « Le souci du long terme et la préservation des valeurs de la connaissance et de la transmission vont de pair », souligne le « Che », en saluant les réformes menées par Jean-Michel Blanquer, dont il fut un fervent partisan : « Dédoublement des petites classes dans les quartiers difficiles, accents mis sur les apprentissages fondamentaux dès les premiers âges de la scolarité afin de lutter contre les inégalités, promotion et défense de valeurs de laïcité, ouverture de l'école, universalisme, accent mis sur ce que nous avons en commun ».

« Pense-t-on que le différentialisme promu par la gauche américaine (à travers le Conseil représentatif des associations noires, par exemple) puisse contribuer à l'égalité républicaine ? », interroge-t-il encore, en faisant référence au CRAN, fédération d'associations françaises qui milite pour la défense des populations noires de France, dont M. Ndiaye fut membre du Conseil scientifique.

Depuis sa réélection, Emmanuel Macron malmène sa gauche laïque qui lui a pourtant apporté son soutien ; le Printemps républicain – parti politique qui a fait de la défense de la laïcité et de l'universalisme son cheval de bataille – ne bénéficie que d'une seule investiture au premier tour des législatives, en juin. Ses membres n'ont, pour l'instant, été nommés à aucun ministère.