LE PROGRAMME DE LA NUPES EST CRÉDIBLE

Frédéric FARAH sur QG. 18/06/2022.

Quelques extraits de l'article disponible sur le blog INTERVENTIONS DÉMOCRATIQUES (Articles-Invités).

A LIRE TRÈS ATTENTIVEMENT

 

ll y avait en 1981, dans les 110 propositions, l’idée affichée de rompre avec le capitalisme, de faire naître un « socialisme à la française ». À l’époque, je ne sais pas si cette intention de rupture était réelle mais le nom du programme socialiste était: « Changer la vie ». Et comme l’avait dit le député Georges Sarre par la suite : « Les socialistes voulaient changer la vie. À la fin, ils ont changé d’avis »

 

 

 

Aujourd’hui, je ne vois pas dans la Nupes une rupture avec le capitalisme. Je crois que c’est l’agitation propre à une certaine presse de dire cela, pour une raison simple. On s’est tellement habitué à une même couleur de politiques économiques depuis quatre décennies, avec à peu près les mêmes orientations, que soudain, quand un groupe politique qui a la possibilité d’avoir la majorité, ou de s’en approcher, apporte quelque chose qui rompt avec ce ronronnement néolibéral, on a l’impression que c’est la prise du Palais d’Hiver. Je dirais plutôt que ce programme est une nouvelle tentative d’arraisonnement du capitalisme par la démocratie.

 

. À la fin, il y a une perte réelle de ce qu’est la capacité de débattre, mesure contre mesure, avec une argumentation digne de ce nom. On est tellement habitué à l'ère communicationnelle, où les mots ne veulent plus rien dire. Le macronisme a aggravé ce triomphe de la langue néo-managériale. Comme aurait dit le sociologue Jean-Pierre Le Goff, c’est de « la langue de caoutchouc ». Il suffit de voir tous ceux qui ont pris la parole durant cinq ans. Des répétitions de mots complètement idiots dans la macronie comme « J’assume », qui perdent toute signification. Mais quand ils sont invités à un véritable débat, dans lequel des dizaines d’économistes de renom participent, la seule réponse qu’ils ont, c'est : « Nous voici à l’heure des soviets, du bolchevik avec le couteau entre les dents ». On est prêt à toutes les extravagances, et c'est inquiétant quant à la qualité du débat démocratique. Le fait de disqualifier l’adversaire, avec des attaques ad hominem, dire qu'il n’est pas sérieux ; à un moment, il faut accepter le débat.