PARIS ALGER LA CRISE(MÉDIAPART . RENÉ BACKMANN. 18/10/21

Échec  de la "diplomatie disruptive"

La crise Paris-Alger signe l’échec de la diplomatie façon Emmanuel Macron

18 OCTOBRE 2021 PAR RENÉ BACKMANN

Trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, déçu de voir se dresser des obstacles imprévus face à sa volonté de tourner la page de la guerre, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique omniprésente, le président vient d’ouvrir avec l’Algérie une crise diplomatique sans précédent, qui révèle les tares de sa gouvernance.

-

Les relations entre la France et l’Algérie seront-elles considérées demain comme le plus gros échec de la diplomatie d’Emmanuel Macron ? On peut le redouter. Le communiqué hypocrite et pleutre publié samedi tandis qu’il se recueillait en silence au pont de Bezons à l’occasion du soixantième anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 n’y sera pas pour rien.

Alors que son entourage avait promis que le président de la République franchirait « un pas de plus » que son prédécesseur dans la reconnaissance officielle de ce crime, Emmanuel Macron s’est contenté d’évoquer, comme l’avait fait François Hollande en 2012, la « répression brutale, violente, sanglante » dont furent victimes les manifestants algériens. Mais en ajoutant que les crimes « inexcusables pour la République », perpétrés cette nuit-là, l’ont été « sous l’autorité de Maurice Papon ».

Sans rappeler que Papon était à l’époque préfet de police de Paris et qu’il est mort il y a près de quinze ans après avoir été condamné, en 1998, pour complicité de crime contre l’humanité commis entre 1942 et 1944.

Sans évoquer que les crimes perpétrés en 1961 sous ses ordres l’ont été par des policiers français en uniforme. En omettant de préciser qu’au-dessus de Papon, il y avait un ministre de l’intérieur, Roger Frey, un premier ministre, Michel Debré, et un président, le général de Gaulle. Et sans reconnaître la responsabilité de l’État. Comme si la timide reconnaissance de ce massacre devait être accompagnée de ménagements à l’égard de l’électorat d’extrême droite.

Cérémonie sur le pont de Bezons, le 16 octobre. © Photo Rafael Yaghobzadeh / Pool / AFP

Difficile, dans ces conditions, d’attendre des associations qui réclament la vérité sur le 17 octobre 1961 comme des autorités algériennes autre chose que des manifestations de dépit et des appels à aller au-delà du communiqué présidentiel. Il est vrai qu’Emmanuel Macron ne pouvait aborder cette commémoration historique dans un climat plus tendu et malsain que celui qui règne depuis quelques semaines entre Paris et Alger et dont il est en grande partie responsable.

Déterminé il y a dix-huit mois à tourner la page des querelles mémorielles, il a d’abord buté, emporté par son impatience, sur la crispation historique des généraux algériens, véritables acteurs du jeu politique local, avant d’ouvrir, par une déclaration irréfléchie, une crise sans précédent entre les deux capitales.

Crise qui s’est traduite par le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris et l’interdiction de l’espace aérien algérien aux avions militaires français qui assurent le ravitaillement des cinq mille soldats français déployés au Sahel. Et cela tout en dressant contre Paris à la fois les partisans du régime et les principales voix de l’opposition.

Impatience présidentielle

Premier chef d’État français né après l’indépendance de l’Algérie, Emmanuel Macron qui avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors d’une visite à Alger alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, semble penser que les dirigeants algériens sont lents à répondre à l’appel du pied historique que constitue le rapport Stora remis en janvier par le spécialiste de la colonisation française et de l’immigration.

Ce dernier écartait tout acte de repentance, car « les discours d’excuses ne suffisent pas à calmer les mémoires blessées », proposant notamment de jeter « des passerelles sur des sujets toujours sensibles » comme les disparus de la guerre, les séquelles des essais nucléaires, le partage des archives, la réhabilitation de figures historiques.

Benjamin Stora, qui ne propose pas « l’écriture d’une histoire commune », juge utile en revanche de « chercher à expliquer ensemble l’événement colonial » en mettant en place, par exemple, des échanges de chercheurs habilités à consulter les archives d’État des deux pays. Le courage qu’il attend de la France, l’historien le réclame aussi à l’Algérie. Il suggère ainsi qu’une commission mixte d’historiens des deux nationalités s’emploie à faire la lumière « sur les enlèvements et les assassinats d’Européens à Oran en juillet 1962 ». Est-ce trop tôt pour entreprendre ce travail ?

Inquiet de voir son initiative prendre le même chemin que « le traité d’amitié » imaginé par Jacques Chirac en 2003 et tombé à l’eau, Emmanuel Macron s’impatiente. Et comme à son habitude dans ce genre de situation, il multiplie déclarations intempestives, initiatives irréfléchies et faux pas politiques ou diplomatiques.

Après avoir tenté de s’appuyer sur le fantomatique président Bouteflika, réduit à un rôle de figurant impotent depuis son AVC en 2013, il choisit d’apporter son soutien à son successeur désigné par l’armée, Abdelmadjid Tebboune, qui accède au pouvoir en décembre 2019.

Apparemment indifférent à la scène politique algérienne, ou très mal informé sur les coulisses militaires du pouvoir civil, il a sous-estimé, chemin faisant, deux données majeures. Le Hirak, mouvement de protestation populaire contre l’incompétence, l’incurie du pouvoir et l’absence de démocratie qui jette depuis le printemps 2019 des foules de manifestants dans les villes d’Algérie, a survécu à la pandémie et à la répression policière.

Les militaires, nationalistes ombrageux, ne voient pas ce qu’ils pourraient gagner à un travail commun d’historiens français et algériens.

Ses acteurs qui aspirent à une « nouvelle indépendance » rejettent Tebboune comme ils refusaient Bouteflika. Élu au premier tour par 58,1 % des votants, mais avec une abstention record de 60,1 % des inscrits, le président précipitamment adoubé par Macron est tenu par la majorité des Algériens, et en particulier par les jeunes, pour une marionnette des militaires, discréditée par le boycott de fait des urnes.

Quant aux militaires, nationalistes ombrageux, traditionnellement hostiles à toute remise en question de l’histoire officielle de l’Algérie, ils ne voient pas ce qu’ils pourraient gagner – mais savent très bien ce qu’ils pourraient perdre – à un travail commun d’historiens français et algériens sur les archives de la guerre.

« Le régime algérien tient sa légitimité de la lutte contre la France, analyse un ancien ambassadeur français en Algérie. Pourquoi mettrait-il en péril le trésor historique que constitue la dénonciation de la culpabilité coloniale, utilisable aussi bien à l’intérieur quand il faut trouver un bouc émissaire pour apaiser la colère du peuple qu’à l’extérieur, quand il s’agit de négocier un contrat commercial avec l’ancienne puissance coloniale ? »

« Par ailleurs, ajoute un autre diplomate, vétéran des relations franco-algériennes, signataire en 2017 de l’appel des soixante ambassadeurs en faveur d’Emmanuel Macron, le président aurait dû comprendre ou on aurait dû lui faire observer qu’il y avait une certaine maladresse de la part de l’ancien colonisateur – qui n’a pas perdu la guerre, même si les Algériens estiment l’avoir gagnée – à proposer de tourner la page. Il aurait été plus judicieux de laisser les Algériens faire le premier pas lorsqu’ils l’auraient jugé possible. Ou nécessaire. »

Un déjeuner mémoriel

C’est apparemment toujours habité par la même impatience, ou la même « déception », selon un diplomate familier du dossier, qu’Emmanuel Macron a reçu à déjeuner, à l’Élysée, il y deux semaines, dix-huit jeunes, petits-enfants de combattants du FLN, de militaires de l’armée française, de harkis et de pieds-noirs pour « échanger librement sur ce conflit » avec l’objectif d’apaiser cette « blessure mémorielle ».

« Vous portez une part d’histoire et aussi un fardeau, leur a-t-il dit. Un fardeau, car on n’a pas réglé le problème. Nos générations n’ont pas vécu cette guerre, ça nous libère de beaucoup de choses. Vous êtes une projection de la France, votre identité est une addition à la citoyenneté française. C’est une chance pour la France, une chance inouïe. »

C’est Yohann, petit-fils de rapatriés juifs, qui ramène le chef de l’État aux réalités concrètes du moment en lui demandant que la France facilite la délivrance de visas aux jeunes de l’autre rive de la Méditerranée. Car l’avant-veille de cette rencontre, le gouvernement français a annoncé une réduction de moitié des visas délivrés à des citoyens algériens et marocains, et d’un tiers pour les Tunisiens.

Officiellement, il s’agit d’une réponse au refus ou à la mauvaise volonté de ces pays – manifestement réticents à fournir les laissez-passer qui permettent le retour sur leur territoire des immigrés illégaux expulsés de France.

Très mal accueillie dans le Maghreb, et parmi les Maghrébins de France, cette annonce est d’autant plus maladroite qu’elle semble répondre à une proposition d’Éric Zemmour qui, la veille, demandait dans une interview télévisée que l’État exerce des pressions plus fortes sur l’Algérie pour la contraindre à rapatrier ses immigrants illégaux.

Mais le pire, le véritable détonateur de la crise diplomatique entre les deux pays, est encore à venir. Après s’être félicité que la France, « pays d’immigration », se soit emparée des mémoires franco-algériennes et avoir regretté que les autorités d’Alger n’aient pas emprunté « ce chemin », Emmanuel Macron dénonce, du côté algérien, une « histoire officielle, totalement réécrite et qui ne s’appuie pas sur des vérités mais sur un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France ».

« La nation algérienne post-1962, insiste-t-il, s’est construite sur cette rente mémorielle qui dit : tout le problème, c’est la France. La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. »

 

« Sur le fond, sur la dénonciation de la rente mémorielle, le président a raison, confie un ancien ambassadeur en Algérie. Il enfonce même une porte ouverte. Voilà des décennies que diplomates et experts décrivent et critiquent cette spécificité de la politique algérienne. Sur la forme, sur le moment et le cadre choisis, il se trompe. Son initiative ne fait en rien avancer les choses. J’y vois soit la marque d’une déception face à l’échec de sa politique mémorielle, soit une préoccupation électorale. Comme si la préparation du deuxième mandat était devenue l’objectif presque unique de la fin du premier. »

En fait, c’est surtout la mise en question de l’existence même d’une nation algérienne avant la colonisation française qui a indigné en Algérie. Elle a même réussi à faire l’unanimité du régime et de l’opposition contre le président français. « Nous sommes agressés dans notre chair, notre histoire, nos martyrs », s’emporte Abdelmadjid Tebboune.

« Cette assertion absurde révèle le profond désastre d’un homme qui, faute de gagner de grandes batailles, espère tout au moins gagner sa bataille électorale », déclare de son côté Karim Tabbou, figure du Hirak, tandis qu’une autre voix majeure de l’opposition, l’ancien ministre de la culture et diplomate Abdelaziz Rahabi, dénonce « l’opportunisme et les contrevérités » de Macron.

« Tout s’est passé dans cette affaire comme si le président était totalement hors sol. Coupé des réalités et ignorant des rapports de force du moment. Cette critique lui a déjà été adressée à propos de sa politique intérieure. Elle s’applique aussi clairement à sa politique étrangère, à sa conduite de la diplomatie, dit un ancien pilier du Quai d’Orsay aujourd’hui à la retraite qui déplore la marginalisation du ministère des affaires étrangères. Au savoir-faire des diplomates, dans un dossier aussi délicat que celui des relations franco-algériennes, il a, une fois de plus, préféré le faire-savoir, qui est la spécialité de son cercle de collaborateurs les plus proches. Le résultat est qu’avec l’Algérie on a ouvert une crise évitable, qu’au Sahel nous braquons nos alliés au lieu de les mobiliser pour préparer le repli de l’opération Barkhane, et que dans la région indo-pacifique, nous n’avons pas vu venir le changement de cap des Australiens, l’annulation de la vente des douze sous-marins à Canberra, et la création de l’alliance Aukus (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) qui met en péril toute notre stratégie dans le Pacifique Sud où se trouve la majeure partie de nos zones économiques exclusives autour de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. »

Sans le dire, mais en ne pensant manifestement qu’à ça, le diplomate désigne la « cellule », c’est-à-dire, dans l’organigramme officiel, le « pôle diplomatique » de l’Élysée. Au service exclusif du président, donc toute-puissante, cette petite structure d’une dizaine de membres est en principe chargée de préparer les dossiers diplomatiques du chef de l’État.

« En fait, rectifie un connaisseur, comme tout émane de lui, qui n’écoute pratiquement personne sauf ses fidèles, la cellule a surtout pour mission de mettre en musique, c’est-à-dire de traduire en langage diplomatique ou en formules de communication, les idées ou les initiatives du président. » Une analyse – critique – de la diplomatie macronienne rédigée par un haut fonctionnaire anonyme, sous le pseudonyme d’Arthur Mira, a été publiée il y a un an par le Groupe d’études géopolitiques (GEG) de l’École normale supérieure sur son site, Le Grand Continent.

Quel est le rôle du ministre des affaires étrangères dans ce dispositif élyséen ? Modeste figurant, au mieux. Principale prise de Macron dans les rangs du PS, Jean-Yves Le Drian avait été nommé en 2012 à la Défense par François Hollande, en raison de ses bonnes relations avec les militaires.

L’une de ses missions majeures était de développer les ventes d’armes françaises à l’étranger. Mission accomplie : la France est désormais, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), le troisième vendeur d’armes mondial derrière les États-Unis et la Russie.

Passé sous Macron de la Défense au Quai d’Orsay, Le Drian semble avoir gardé la même priorité et n’apporter qu’un intérêt modeste aux questions diplomatiques. Sans parler des droits humains. Face aux massacres de la guerre du Yémen, où nos amis et clients sont impliqués, il sait se montrer discret. « Il ne connaît pas les dossiers », ajoute la rumeur du Quai. Rumeur confirmée par un sénateur : « Quand il vient devant notre commission des affaires étrangères, il ne s’éloigne pas de ses notes, qu’il lit consciencieusement. »

Période de turbulences

Ce n’est pas lui, malgré la mauvaise humeur de son administration, dépossédée d’une partie de ses attributions, qui entrera demain en guerre contre le pôle diplomatique de l’Élysée. Pôle aujourd’hui au bord de la crise de nerfs. Car depuis près de deux ans – certains disent depuis le départ de son « patron » précédent, Philippe Étienne, en mai 2019 –, le pôle diplomatique soumis aux élans, coups de tête, coups de gueule, et coups de com’ d’un président aux prises avec des priorités changeantes et un ego encombrant, traverse une période de turbulences inhabituelles dans ce monde discret et débordé mais policé.

Au point qu’il y a un an, un audit a été confié par la présidence de la République à un cabinet privé pour évaluer l’organisation et le fonctionnement du « pôle » en crise. Audit dont les résultats n’ont toujours pas été communiqués aux intéressés.

Alors que pendant le quinquennat de François Hollande, douze conseillers ont appartenu à la cellule et, sous Nicolas Sarkozy, une quinzaine, près d’une trentaine se sont relayés depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. En neuf mois, une demi-douzaine ont quitté leurs fonctions l’année dernière, parfois après un arrêt maladie. Et près de la moitié des conseillers actuels sont en fonction depuis moins de deux ans.

Même s’ils invoquent le « roulement normal des effectifs » pour justifier certains de ces départs, les deux responsables du « pôle », le conseiller diplomatique et « sherpa » du président, Emmanuel Bonne et son adjointe, Alice Rufo, sont tenus pour responsables de cette situation en raison de la « gestion par le stress » qu’ils infligent à leurs collaborateurs.

Courriels ou textos comminatoires ou vexants adressés en pleine nuit, accusations récurrentes d’incompétence, menaces sur les carrières, soupçons de déloyauté ou d’indiscrétion, reproches, harcèlement et mises à l’écart constituent le quotidien de cette équipe guettée en permanence par le burn-out.

Emmanuel Macron sait-il ce qui se passe à sa porte ? « Je ne vois pas comment il pourrait l’ignorer, confie le proche d’une démissionnaire. Même s’il est sourd et aveugle, le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, qui ne l’est pas, a dû lui dire ce que plusieurs démissionnaires lui ont exposé. »

« Ils paient à leur façon le mode de gouvernement de Macron, qui exige de ses collaborateurs de suivre ses emplois du temps d’insomniaque et son obsession de l’action et de la communication, au détriment souvent de la réflexion et de la concertation », dit un ancien de la « cellule ».

« J’ai eu comme collaborateur Emmanuel Bonne, dit un ancien ambassadeur, c’était un bon analyste mais de caractère réservé, presque timide. Il manquait d’autorité mais pouvait faire preuve d’autoritarisme, comme il l’a démontré à Beyrouth où il était ambassadeur lorsqu’il a fait rappeler à Paris sans explication un conseiller culturel avec qui il ne s’entendait pas. Je ne suis pas étonné de ce qui lui arrive aujourd’hui. »

Éviction surprise

Aux propos acerbes contre le pôle diplomatique s’ajoutent depuis quelques jours, au Quai d’Orsay, des interrogations croissantes sur certaines décisions brutales de l’Élysée. Il en va ainsi du renvoi surprenant, la semaine dernière, de Christophe Farnaud, directeur du département Afrique du Nord et Moyen-Orient (ANMO), écarté de ses fonctions sans explications après deux ans à ce poste, lequel est notamment chargé des relations avec l’Algérie.

« Je n’ai jamais vu un directeur d’ANMO écarté de son poste après seulement vingt-sept mois d’activité, dit un de ses prédécesseurs. Une telle mesure, annoncée aussi brutalement et sans que des justifications crédibles aient été fournies à l’intéressé nourrit de multiples rumeurs et suscite nombre d’hypothèses au sein du Quai. L’une des plus évoquées est que ce diplomate pourrait être la victime expiatoire d’une tentative d’apaisement de la crise avec l’Algérie. On le rendrait responsable des “malentendus” récents pour proposer à Alger de repartir sur des bases nouvelles avec celle qui va lui succéder et que tout le monde connaît comme une excellente arabisante. »

Interrogé lundi matin par Mediapart, un proche collaborateur de la nouvelle directrice d’ANMO, Anne Gueguen, a confirmé que Christophe Farnaud a quitté ses fonctions mercredi dernier et qu’à ce jour, et à sa connaissance, aucun nouveau poste ne lui a été proposé.

Cette éviction surprise au sein du Quai d’Orsay, comme la crise inavouée au sein du pôle diplomatique de l’Élysée, le souligne : peu de présidents avant Emmanuel Macron auront manifesté autant de défiance à l’égard du corps diplomatique accusé de conservatisme, voire d’appartenance à un « État profond » réfractaire à tout changement.

Et peu de présidents, emportés par leur conviction d’avoir raison, auront délibérément provoqué, par leurs propos précipités et imprudents, une crise aussi sérieuse que celle qui vient de s’ouvrir entre la France et l’Algérie. Sera-t-il assez modeste et lucide pour admettre que sa « diplomatie disruptive » vient de connaître un échec historique ?